Alain Chotil-Fani
5/5
Le mémorial de Tomasi offre son émouvante simplicité.
Une plaque de marbre, fixée à même la paroi, rend hommage à l'artiste :
Henri TOMASI
1901 - 1971
En cette terre de Casinca, terreau de ses ancêtres,
reposent les cendres de l'un des plus éminents compositeurs
et chefs d'orchestre du XXème siècle.
Son œuvre musicale sut glorifier la Corse et
magnifier les textes des plus grands écrivains.
Un extrait de Retour à Tipasa, d'Albert Camus, complète l’inscription :
Au milieu de l'hiver, j'apprenais enfin
qu'il y avait en moi un été invincible.
O lumière ! O vibrante lumière !
Au pied de cette évocation, une deuxième plaque a été posée, avec quelques notes extraites du mélodrame composé par Tomasi sur le beau texte de Camus, et cette nouvelle exhortation : Ô Lumière !
L'imploration est heureuse, tant l'art de Tomasi, tout en clarté et équilibre, semble voué à la lumière et se ressent d'un humanisme sincère. Il compose, pendant la terrible année 1942, le Requiem pour la paix "Dédié aux martyrs de la résistance et à tous ceux qui sont morts pour la France" et met en musique en 1959 un remarquable écrit de la Résistance - et sans doute l'un des plus beaux - avec le drame lyrique le Silence de la Mer, d'après Vercors. Son inspiration, loin d'être celle d'un folkloriste facile centré sur l'île de ses ancêtres, nous mène aussi bien au Extrême Orient, en Afrique ou en Amérique Latine, tandis que son goût pour les modes anciens, grégoriens ou tournés vers la Grèce antique, révèle l'étendue de ses affinités spirituelles. L'un des sommets de son œuvre est l'étonnante Symphonie du Tiers-Monde (1968) traversée de bruits de chaînes et de révoltes et qui s'achève par un immense cri d'espérance.